Chebre ce 6 Mars 1759
Monsieur,
On m'écrit aujourd'hui de Berne qu'il y court une lettre de Voltaire, et une Réponce de vous Monsieur dans laquelle vous faites mention de feu Mr. Mai come s'il pouvoit avoir eu quelque part à des lettres Anonimes que Voltaire dit avoir reçu sous votre nom.
Si l'un ou l'autre y dites vous à mis mon nom sous des Anonimes, s'il à laissé croire que nos relations sont plus intimes, et coment à-til pû vous venir dans l'esprit Monsieur que feu Mr. May dans l'état où vous l'avez vû ait pu s'occuper à écrire ou faire écrire des lettres Anonimes, et sous votre nom, vous qu'il regardoit come son meilleur ami, et à Monsieur de Voltaire pour luy doner du chagrin luy pour qui il n'avoit que trop d'admiration et de qui il prenoit en toute occasion la défense? quand luy auroit-il adressez ces lettres? ce ne sera pas dans l'intervalle du Mercure du 8 Octobre et de la réponce que Voltaire publia en 9bre. Voltaire n'auroit pas manqué de s'en plaindre et ce ne poura pas étre depuis, car de 9bre jusqu'à sa fin arivée au 9 Décemb. Mr May à été continuellement agonisant et la plus grande partie de ce tems dans un délire continuel. Il n'a ni lus, ni entendu parler de cette réponce de V. ni du bruit que cette guere faisoit. Dans ces moments à luy il étoit bien occuppé par d'autres Réflections, dont grâces à Dieu tous ceux qui l'environoit ont eu sujet d'être édifié.
Il m'étoit fort douloureux ne voyant rien dans la lettre de Voltaire d'insinué contre Mr. May, que dans la vôtre vous l'aiez impliquez dans cette affaire, et que vous luy attribuée d'avoir pû exagérer avec vous ses liésons, et relation. Il à été si vivement Bourodez pendent sa vie, que du moin on le laisse dans son repos après sa mort, je ne cesserai cependent j'amais d'être avec des sentiments d'une vive reconoissence des bontez que vous avez eu pour le pauvre défunt, je suis
Monsieur
Votre très humble servante
Mar. May Née Fischer