[6 December 1713]
Deans l'insertitude où ie suis si i'aurai le plaisir de te voir se soir ie t'averti que se n'esstes pas la Vruijere qui estet hyer chés nous, s'et une méprise de la cordonière qui nous a larma for mal à propos.
Ma mère ne se doute poin que ie t'aye parllée et grasse au Ciel elle te croi dégat parti. Ie ne te parllerai poin de ma santée, s'et se qui me touche le moin et ie panse trop à toy pour à voir le tans de panser à moi mesmes. Ie t'assure mon cher coeur que si ie doutait de ta tandraisse ie me régouirai de mon mal. Ouy mon cher anfan la vie me serait trop à charge si ie n'avais la douse espairance d'estre haimée de se que i'ai de plus cher au monde. Fait se que tu poura pour que ie te voye se soir, tu n'aura q'uà dessandre deans la cuisine du cordonier et ie te répon que tu n'a rien à creindre car notre faiseuse de quintessance te crois dégat à moitiés chemein de Paris eins si tu le veu i'aurai le plaisir te te voir sesoir et si sella ne se peut permait moÿ d'aller de mein à la messe à l'hôtel. Ie prirai mr de la Bruyere de me montrai la chapelle, la curiausités est permise au famme et puis san faire samblan de de rien ie lui demanderai si l'on n'a pas an corre de tes nouvelle et de puis q'uan tu es parti. Ne me refusse pas sete grasse mon cher Arouet, ie te la demande au non de se qu'il y a de plus tandre, s'est à dire au non de l'amour que i'ai pour toy. A dieu mon haimable anfan, ie t'adore et ie te iurre que mon amour durera auteans que ma vie.
Dunoyer
Au moin ie ie n'ais pas le plaisir de te voir ne me refuse pas la satisfactions de resevoir de tes cherre nouvelle.