Chebres ce 13e fév. 1759
Monsieur,
Je vous rends grâce des Exemplaires que vous m'avez fait parvenir de l'Apologie de celui contre qui M. de V. s'est si terriblement déchainé.
Cette politesse de votre part me fait penser que vous me jugés peut-être l'Autheur de cette brochure & de la précédente qui y a donné lieu; je ne dois pas vous laisser Monsieur, dans cette erreur; je n'ai à ces 2 brochures aucune espèce de part, ni directe ni indirecte, j'en ignore absolument l'Autheur. Je me joins de bon cœur à tous les gens de bien qui louent le Patriotisme & le zèle pour la Religion qu'il a montré; & je me joins enfin à eux dans le peu d'approbation qu'ils donnent à la manière dont on a mis sur la scène 3 Pasr qui ne méritoient pas aux yeux du public d'aussi amères railleries. Ces 3 Mess. il est vrai ont manqué, eux mêmes n'en disconviennent pas, mais qui saura la manière dont ils ont été amenés à faire cette démarche, s'il ne les trouve pas pleinemt justifiés, les jugera du moins jusques à un certain point fort excusables, aussi l'autheur des brochures en question, mieux instruit sans doute depuis la 1ère paroit avoir voulu le reconnaitre dans la dernière.
Voici une copie d'une lettre que j'écrivis en 7bre à M. le Prof. Pavillard; s'il y consentoit je n'empêcherois pas qu'elle ne grossit votre collection, elle n'a pas été travaillée pour le public, mais on y verroit du moins d'un côté & par sa datte & par l'esprit que j'y manifeste dont je ne me départirai jamais, envers de Chers frères, que ce que l'on dit à leur sujet dans le Journal Helvétique d'8bre passé ne sauroit venir de la même plume & de l'autre qu'on ne craint pas de signer son nom en marquant son indignation contre quiconque ose prendre à tâche de rendre suspect & méprisable notre Xtianisme de quelque brillante réputation qu'il jouisse. Chacun n'aura-t-il pas droit de s'élever contre un scandale que la Religion réprouve & que le Monde abhorre.
J'ai l'honneur d'être avec une parfaite considération
Monsieur
Votre t. humb. ob. serviteur
Le Resche