Messieurs,
Permettés que je profite de votre Journal pour me laver devant le Public d'une odieuse Imputation dont me charge Monsieur De Voltaire dans une de Ses Lettres du mois de fév. passé qui est entre les mains de tout le Monde. Il y pose en fait que je lui ai écrit deux ou trois Lettres anonimes sous le nom respectable du célèbre Monsieur De Haller & me donne en concéquence les plus indignes qualifications.
Come Chrétien & Pasteur je mets sans peine sous les pieds ce que ce Procédé a d'offensant pour moi; cependant je dois & à ma réputation & à l'emploi dont j'ai l'honneur d'être revêtu le soin d'édifier ce même Public. Je déclare donc la Susditte Imputation absolument fausse, n'y avoir aucune espèce de part ni directe ni indirecte, n'aïant jamais pris la plume pour écrire à Mr De V. que pour la Lettre que je lui ai addressée le 15e de ce Mois où je lui demande la vérification de ce qu'il m'attribue, à la quelle il n'a pas jugé à propos de répondre.
Et come le dit Mr De V: dans la même Lettre dit encore que je suis l'Autheur de la pièce du Journ. Helv. d’8bre à l'occasion de feu Saurin je déclare aussi n'avoir aucun espèce de part à cette Brochure & que j'en ignore absolument l'Autheur.
Je vous aurai Messieurs la plus sensible obligation de m'aider à édifier le Public à ces deux égards.
J'ai l'honneur d'être avec une considération distinguée
Messieurs
Votre très humble & très obéissant serviteur
Le Resche
Pasteur de Cheb.
Chebres ce 27e Mars 1759