1758-10-28, de Voltaire [François Marie Arouet] à Pierre Robert Le Cornier de Cideville.

Mon cher et ancien ami j'ay peur que vous n'ayez pas reçu un billet adressé dans la rue st Pierre à Paris, et par renvoy à votre terre de Launai si vous n'étiez pas dans la grande vilaine ville.

Il s'agissait de savoir si notre marquis Angau de Leseau est mort ou en vie, s'il a un domicile à Rouen, s'il faut écrire au châtau de Leseau, où est ce beau châtau, en un mot comment il faut faire pour se faire payer d'une dette de quatre années d'arrérages de la quelle Angau ne me donne aucune nouvelle. Licet miscere seria cum jocis. Il ne faut pas abandonner le demeurant. Rem suam deserere turpissimum est dit Ciceron. Si Federic est aussi bien frotté qu'on le dit, je feray relier ensemble l'histoire de Pirrus, de Picrocole, la sienne et la fable du pot au lait.

Ecrivez moy je vous en prie mon ancien ami des nouvelles d'Angau de Leseau, mais surtout des vôtres. Que dites vous de l'esprit d'Helvetius?

Je vous embrasse tendrement.

V.