1758-10-28, de Voltaire [François Marie Arouet] à Élie Bertrand.

Mon cher ami, je ne lis ni journal partial ni journal impartial, et rarement les gazettes qui content pourtant que le Pirrus du nord a été totalement défait.
Cette nouvelle est plus importante que les livres nouveaux sur l'esprit, sur la comédie de Genève et sur l'autre comédie des pasteurs franco-suisses. Madame de Bentink qui croit être grande autrichienne parce qu'elle plaide à Vienne, est fort contente de Berne, et peu du reste de votre Helvétie: moi je suis content de tout, et si content que je suis en effet en marché de la seigneurie de Fernex; mais il y a tant de droits à payer, tant de choses à discuter, les affaires sont si longues, et la vie est si courte, que je pourrais bien me tenir dans mon petit ermitage des Délices. Di melius fecere; bene est, nihil amplius opto.

Mon grand désir est de vous revoir vous et m. et mme de Freudenrik, à qui je vous prie de présenter mes respects.

V.