1758-03-22, de Voltaire [François Marie Arouet] à Jean Robert Tronchin.

Vous êtes un charmant correspondant monsieur, un homme bien attentif, un ami dont je connais tout le prix.
Vous devez n'avoir pas un moment à vous, et vous en trouvez pour m'écrire. Paris ne vous a point gâté et ne vous gâtera point. Toutte la négociation dont je prendrai la liberté de vous charger auprès de mr Delaleu sera une lettre de change de 25 m.H pr la fin d'avril. Si vous êtes encor à Paris dans ce temps là je vous supplierais de vouloir bien mettre dans votre portefeuille un petit compte que Mr Delaleu poura avoir achevé alors. Si par hazard vous avez quelque occasion de voir mr l'abbé de Berni, vous êtes bien homme à luy dire qu'il a en moy le plus zélé de ses partisans, et le plus attaché de ses serviteurs. Vous ne trahirez votre conscience ny la mienne. J'espère baucoup des ressources de son esprit. Toutte notre destinée est entre les mains de deux abbez. Dieu bénira nos armes et nos négotiations.

Me Denis et moy, nous vous embrassons tendrement.

V.

Si vous trouviez à Paris quelques bonnes graines pour vos Délices, si vous pouviez nous faire avoir tout ce qu'on peut planter, tout ce qu'on peut semer, tout ce qu'on peut emporter dans la saison où vous partirez, si cela se peut, si cela ne vous gêne pas, n'oubliez point votre jardinier

V.