29 mars 1758
Je suis ici M. dans un tourbillon qui m'ennuye plus qu'il ne m'amuse.
Les divers tableaux ne sont point agréables, et quoi que je n'aye pas la moindre pente à la mélancolie, j'en prendrois, sans le secours de q̲q̲ues amis parters que j'aime & que j'estime et qui s'empressent à me rendre la vie douce. Paris ne me gâtera pas, et je verrai avec plaisir le moment de mon retour. Ce sera dans le mois de may, vers la fin, ou plutôt si je le puis. Ainsi j'aurai bien le tems de recevoir les 25/m.lt sur M. de Laleu à la fin d'avril & le compte qu'il doit me remettre. Je le verrai au per jour & je fais toujours partir cette lettre pr avoir une nouvelle occasion de m'entretenir avec vous.
Je ne prévois pas Mr que je sois dans le cas de voir M. l'abbé de Bernis. La distance qui nous sépare est immense, et je n'ai pas le courage de la franchir. Je me flatte cependt que vous ne me gronderés pas quand même votre common ne sera pas faite.
J'ay eu l'hr de voir Made de F. que j'ay trouvée très bien, et qui me paroit contente de l'état de sa santé. Elle est impatiente de voir arriver la belle saison pr vous aller embrasser & Made D. Elle a eu la bonté de m'inviter à diner, mais j'étois engagé, je réparerai ma faute un autre jour.
J'ay vu aussi M. & Made Dargental, & je suis convenu avec lui de prendre les papiers qu'il doit me remettre avant mon départ. Je m'étois trompé sur le partage des 9/mlt de pension que le Roy avoit accordé à feu M. Le Card de Tencin pr en disposer à son gré. M. Dargental en a eu 5/m. et le restant a été partagé entre ses deux neveux de Grenoble.
Je n'ai encore rien entamé sur la vente des effets parce qu'il ne se fait rien, l'argt est extrêmement rare. Il faut un peu de patience, mais j'ay dressé mes batteries pr le succès, et vos intérêts parters seront toujours en égalité des miens. Quant aux annuités il s'en est fait à 2 pr cent de perte. Il est bon que je sache M. vos intentions sur ce point. Les b. sont à 616.
L'armée revient sur Wesel et de tous côtés l'on rétrograde. Si elle vient en deçà du Rhin nos dépences excessives diminueront. Il nous faut q̲q̲ues mois pr rétablir ces armées sur le pied qu'elles doivent être.
Je n'oublierai pas les graines pr les jardins &ca.