1758-03-22, de Voltaire [François Marie Arouet] à Nicolas Claude Thieriot.

Votre lettre du 14 mars mon cher et ancien ami m'a fait un grand plaisir, mais il y a un article qui me fait bien de la peine.
Je vois avec douleur que le marquis Dadémar fait courir les lettres qu'on luy écrit. Je suis en peine de celle dont vous me parlez. Je ne sçais ce que c'est. J'écris d'abondance de cœur et de plume, et quand on parle à un ami on ne croit point parler au public. D'ailleurs Dadémar est gr. maître de la maison de made la markgrave de Bareith. Je peux avoir écrit des choses flatteuses pr le roy son frère qui seront mal reçues en France. Envoyez moy je vous prie copie de cette lettre qui court, et mettez moy en repos, car c'est le repos qui est aujourdui mon point fixe. Je le goûte avec volupté et je ne veux le perdre pour aucun roy du monde. Bonsoir. Je vous embrasse. Qu'esce que c'est que l'abbé Aubert? Qu'est devenu le procez de ce Corneille qui est parent de Pertarite, et non pas de Cinna?