1758-02-23, de Voltaire [François Marie Arouet] à Théodore Tronchin.

Homme habile, qui avez fait tout ce que je désirais, et qui ne m'avez pas seulement envoyé la belle pancarte, lisez cette lettre; riez, et aimez moy.
Je ris aussi, mais tout bas. Ce monde est une plaisante comédie. Nous nous amusons baucoup à Lausane, nous avons de bons spectacles et de grands soupers. Mais nous vous regrettons. Renvoyez moy la lettre du 1er pasteur de Berne. Tout le monde est icy de son avis, et tout le monde est fort aise.

Comment vont les nerfs de la philosofe? Il n'est pas vray qu'on ait massacré juridiquement l'abbé de Prade, les généraux Kiou, Katt etc. etc., 22 officiers et des moines. Je reçois très souvent des lettres de toutte la famille du roy de Prusse et de Mr l'abbé de Berni. Je suis de tous bons acords, bien avec tout le monde, et je veux être bien avec vos prêtres. Dittes leur que je suis fort content, car de par dieu et de par le diable je le suis, et je vous aime de tout mon cœur.

V.