au Chene à Lausane 4 septb [1757]
Mon cher maître et confrère je vous envoye deux lettres, celle de Mr Bertrand, premier pasteur de Berne, et celle que j'écris à Monsieur Le doyen Lefort.
Si après avoir vu ces pancartes, et en avoir conféré avec M. Tronchin Boissier, et avec Mr Esculape après son retour d'Etoy, vous jugez à propos de faire rendre celle que j'écris à M. le ministre Lefort, je vous supplierai en ce cas de vouloir bien avoir la bonté de recevoir la réponse. A l'égard de la lettre de M. Bertrand, voulez vous bien me la garder jusqu'à mon retour? Vous voyez mon cher ami avec quelle liberté je m'adresse à vous, mais enfin c'est vous qui m'avez débauché. Souvenez vous de la plaisante lettre qu'un certain tartuffe m'écrivit lorsque j'étais prest de signer à Prangin avec mr de la Bat. Souvenez vous combien cette lettre me donna d'ombrage, et combien vous me rassurâtes. J'ay icy un des plus beaux logements du monde, mais votre amitié me fera toujours donner la préférence à l'hermitage des Délices; vous me l'avez rendu cher, et je me flatte que doresnavant il me sera plus cher encor. Je compte sur vous et sur vos amis. Madame Denis se joint à moy. Vous connaissez ses sentiments pour vous, et combien nous vous sommes dévouez l'un et l'autre.
Vous saurez que le roy de Prusse vient de m'écrire qu'il ne doute pas que je n'aye partagé ses succez et ses malheurs, et qu'il luy reste de vendre cher sa vie, etc.Sa sœur made de Bareith m'écrit la lettre la plus lamentable. Me voylà occupé à consoler des têtes couronnées, mais elles ne feront jamais mon bonheur et vous ferez le mien.
Adieu le plus aimable des hommes.
v. t. h. et ob. st
V.