1758-01-23, de Voltaire [François Marie Arouet] à Cosimo Alessandro Collini.

Je suis très sensible à votre souvenir mon cher Colini, et je vous souhaitte un état assuré et tranquile qui puisse vous faire oublier les agréments de votre beau pays.
Je me trouve mieux que jamais de celuy que j'ay choisi pour ma retraitte. J'ay baucoup embelli les Délices, et j'ay pris enfin une maison à Lausane que j'ay très ornée et dans la quelle on est entièrement à l'abri des rigueurs de la saison. Je vois de mon lit quinze lieues de ce bau lac que vous connaissez. C'est le plus bel aspect que j'aye jamais vu. C'est là que je m'inquiète assez peu de tous les bouleversements de l'Allemagne. Vous devez vous intéresser à l'Autriche, puisque vous gouvernez un autrichien, et que vous êtes né sous la domination de l'empereur. Plus heureux qui est né libre. Je vous embrasse.

V.