4 10 1757
Puisque par l'enchainure des choses il falloit une délibération, je suis charmé, Mr, que le résultat en ait été de laisser à chacun la liberté de faire son devoir, c'est tout ce qu'on pouvoit prudemment faire.
La V. C. ne s'engage à rien; & il étoit de la dernière importance qu'elle ne s'engageât point. Si l'ouvrage qui se fait ou qui se fera répond à nos vœux & à nos espérances, la bonne cause en profitera: s'il n'y répond pas c'est un malheur sans conséquence: Il ne faut pas qu'un corps aussi respectable s'expose, ou courre le plus petit risque. J'espère, Mr, que la façon dont j'ai opiné vous satisfera; & que l'annonce que j'ai faite à la Compagnie de l'édition des œuvres de M. De Voltaire qui se fait en Hollande par privilège des Etats mettra nos Théologiens un peu plus à leur aise. Ceux de Hollande se trouvent par cette permission des Etats plus directement obligés que vous à se défendre, puisque l'approbation de notre magistrat est une anecdote au moins douteuse. Junctœ umbone phalanges
tutiùs ac fortiùs agent. Nous ne pouvons pourtant pas nous dissimuler l'inutilité des disputes théologiques. Il semble par le fait qu'elles tournent au profit de l'Irreligion. Elle lève la tête dans le Pais où on l'a le mieux & le plus combattue, & il semble que la Religion ne tient en Angleterre qu'aux convenances politiques. Conservons nos mœurs, Mr, elles seront le vrai soutien de notre Religion; elles parlent bien mieux pr elle que tout les Docteurs de la loy. Eclairons nous sur tous nos devoirs, attachons à nos devoirs la considération & le respect qu'ils méritent, prêchons surtout d'exemple & ne craignons point les progrès d'un mal qui se rit des argumens & de la science.
On ne peut être M. plus véritablement &c.
Tronchin