aux Délices, 12 septb [1757]
Voilà de grandes révolutions madame, et nous ne sommes pas encor au bout.
On dit que dixhuit mille hanovriens viennent de débarquer à Stade. Ce n'est pas une petite affaire. Je souhaite que Mr de Richelieu pare sa tête des lauriers qu'on a fourez dans sa poche. Je souhaite à mr votre fils honneur et gloire sans blessure, et à vous madame une santé inaltérable. Le roy de Prusse vient de m'écrire une lettre très touchante. Mais j'ay toujours l'avanture de made Denis sur le cœur. Si je me portais bien, j'irais faire un tour à Francfort dans l'occasion. On dit que malgré les belles et bonnes paroles du roy messieurs des plaids font encor les difficiles. Je ne puis le croire. Mais tout cela importe fort peu à un philosophe qui vit dans la retraitte, et qui n'a ny rois ny parlements ny prêtres. J'en souhaitte autant à tout le genre humain. Adieu made. L'oncle et la nièce vous seront toujours bien attachez.
V.