1757-01-15, de Voltaire [François Marie Arouet] à François Tronchin.

Je suis bien sensible mon très cher ami à votre attention et à celle de notre Esculape.
Il n'y a qu'à lever les épaules de pitié quand un dévot croit assassiner un Roi avec un canif à tailler des plumes. Mais il faut frémir d'horreur quand on voit cet exécrable fou animé de l'esprit des convulsionaires de st Medard, qui a passé dans sa machine atrabilaire. C'est un chien qui a pris la rage de quelques autres chiens sans le savoir. Il faudra ajouter trois ou quatre lignes au chapitre du jansenisme. Si on avait songé à rendre les jansenistes et les molinistes aussi ridicules qu'ils le sont en effet, Pierre D'Amiens, petit bâtard de Ravaillac, ne se serait pas servi de son canif.

Nous sommes malades, l'oncle et la nièce, à Monrion, et nous avons grande envie de venir vous voir aux Délices.

Le ministère a eu la bonté de m'envoier les bulletins, et mr Dargenson m'a écrit de sa main, mais je crains les prêtres.