aux Délices près de Genêve le 25e 8bre 1756
J'ai toujours mon Rhumatisme, Madame, et deplus, j'ai été mordu par mon singe, le jour de la nouvelle vraie ou fausse, de la défaite de vôtre armée; je suis au lit comme un des blessés, pardonnez-moi de ne vous pas écrire de ma main.
Je me porterai certainement mieux quand vous m'aprendrez que vos amis les serviteurs de Marie, ont fait un petit tour vers Berlin; nous nous flattons, au moins, que le roi de Pologne est hors de danger, et hors de chez lui; Il est bien triste que ce qui pût lui arriver de mieux fût de sortir de ses états. Il y a des gens qui prétendent qu'il va en Pologne armer la postpolite en sa faveur, mais la postpolite fait rarement des éfforts pour ses souverains, et leur fournit aussi peu de troupes que d'argent. Si vous avez quelques nouvelles, madame, daignez en faire part aux solitaires des Délices; vous savez que les bords du Rhin sont plus près du théâtre des événements que les bords paisibles de nôtre Lac. Nous ne sommes encor bien informéz d'aucun détail. Celà est triste pour ceux qui s'intéressent à Marie, et assurément personne ne lui est plus attaché que moi depuis trois ans.
Mais je vous le suis bien davantage madame et depuis plus long temps. Mille tendres respects aux deux dignes amies.
V.