1759-08-16, de Voltaire [François Marie Arouet] à Joseph Louis de Ponte, comte d'Albaret.

L'oncle et la nièce monsieur devraient avoir répondu plus tôt à la lettre dont vous les avez honorés, mais l'oncle était malade et la nièce apprenait son rôle.
Vous êtes parti dans le temps où nous avions le plus besoin de vous. Nous avons un petit théâtre à Tourney, et hors moi tous les acteurs se portent bien. Tous vous regrettent, tous disent que sans vous on n'aura qu'une troupe médiocre. Mais on vous regrette encore davantage dans la société. Vous en faisiez l'agrément. La bonne compagnie de Turin qui vous possède, ne vous permettra pas de la quitter pour venir nous voir. Nous le sentons avec douleur, mais si jamais vous revenez sur les bords de notre lac, n'oubliez pas ceux qui sont pénétrés pour vous de tous les sentiments que vous méritez. Comptez nous parmi ceux qui vous sont le plus dévoués, et soyez persuadé surtout de l'attachement tendre et respectueux du solitaire et du malade

V.