1756-10-06, de Voltaire [François Marie Arouet] à Marie Ursule de Klinglin, comtesse de Lutzelbourg.

Si je ne me mourais pas d'un vilain rumatisme madame, je crois que je mourrais de joye des nouvelles que vous avez la bonté de m'envoier.
Mais sont elles bien vrayes? Si vous en savez la confirmation achevez mes plaisirs.

Vous avez bien raison de détester le stile d'un polisson qui veut faire le plaisant et parler en homme de cour des princes et des femmes dont il n'a jamais vu l'antichambre. Il y a encor une raison de mépriser son livre, c'est que d'un bout à l'autre il contient un tissu de mensonges, ou de contes trainez dans les rues. Il est très bien à la Bastille pour quelques impostures punissables. Notre chère Marie Terese y est pour quelque chose. Si Marie Terese est victorieuse comme je l'espère, et si je suis en vie, ce que je n'espère guères, vous pouriez bien encor revoir à l'ile Jar votre ancien courtisan, qui vous sera attaché jusqu'au dernier soupir de sa vie. Mille respects à votre digne amie.

V.