1756-09-13, de Voltaire [François Marie Arouet] à Marie Ursule de Klinglin, comtesse de Lutzelbourg.

Priez bien dieu madame avec votre chère amie madame de Broumat pour notre Marie Térese, et si vous avez des nouvelles d'Allemagne, daignez m'en faire part.
Notre Salomon du nord vient de faire un tour de maitre Gonin. Nous verrons quelles en seront les suittes.

On dit que la France envoye vingt quatre mille hommes à cette belle Terese sous le commandement du comte d'Etree, et que cette noble impératrice confie trois de ses places en Flandre à la bonne foy du roy. Les hollandais n'auront plus pour barrière que leurs canaux et leurs fromages.

Ne seriez vous pas bien aise de voir Salomon à Vienne à la cour de la reine de Saba? Je suis bien étonné qu'on m'attribue le compliment à la chèvre. C'est une pièce faitte du temps du Cardinal de Richelieu. Je ne suis point au fonds de mon village, comme le dit le compliment et il s'en faut baucoup que j'aye à me plaindre de cette chèvre.

Je n'ay à me plaindre que de Salomon, mais j'oublie touts les rois dans ma retraitte où je me souviens toujours de vous.

J'ay chez moy une de mes nièces qui se meurt. Je me meurs toujours aussi mais je vous aime de tout mon cœur.

V.