1755-09-10, de Marie Louise Denis à Gabriel Cramer.

J'envoie savoir de vos nouvelles Monsieur et vous prier de vouloir bien me donner de celles de cette indigne affaire. Plus j'y réfléchis plus elle me parait hodieuse. Je n'en suis point revenue. Mme Pictet vient avant hyer diner aux Delices. Elle me prit en particulier et me dit qu'il y avait 20 lettre de Paris qui mendoient que j'épousais le marquis de Chymene. Le coquain en question l'aura cru et me croiant dans une position délicate il n'aura pas douté que je n'aimasse mieux lui donner de l'argeant que de montrer sa lettre. Ce qui me rassure dans tout ceci c'est que je suis entre les mains de deux frères que je regarde comme mes amis intimes et les trois autres personnes qui veulent bien me secourir sont si estimables à tous égards que je m'en raporte entièrement à eux. J'écrirai à Mr Tronchain Boissier quand j'aurai de vos nouvelles. Je vous prie de m'envoier votre réponce sous le couver de mr de Chymene qui me la remettra.

Adieu, quand vous verons nous? Je suis malade et je ne reviens point d'un histoire aussi abominable. Adieu.