aux Délices route de Geneve, 30 aoust 1745
Monsieur,
Je crois devoir avoir l'honneur de vous envoier la copie de la lettre que j'écris aux sindics de la librairie. C'est une affaire dont j'ay déjà informé monsieur d'Argenson, et que je recommande à votre protection et à votre justice avec les instances les plus pressantes.
Je dois aussi monsieur vous donner avis qu'il y a dans Paris un réfugié nommé Grasset, fort connu de Corbi, et qui est en relation avec les libraires. Il montre partout votre contre seing. Il s'en sert ainsi que de celuy de monsieur le comte d'Argenson pour son commerce frauduleux. C'est d'ailleurs un voleur public, chassé en dernier lieu de Géneve. Il n'échapera pas à vos lumières et à votre vigilance, s'il est encor à Paris. Il est connu de plusieurs libraires; il va à Marseilles. C'est tout ce que j'en sçai pour le présent.
Permettez moy de vous renouveller les assurances du dévouement respectueux avec le quel je serai toujours
Monsieur
Votre très humble et très obéissant serviteur
Voltaire