[c. 20 aoust 1755]
Je vous assomme de comitions Mon cher Coeur, je vous en demende pardon mais il faut bien que les parisienes prenent pitié des provenciales.
Il faut absolument monter les quinze diamants de petits carats que Mr Lange vous a aportez pour le bracelet de Mme de Fleurieux; elle seroit très fâchée de n'en avoir que quatorze, cela feroit le plus désagréable effet du monde par ce que l'autre bracelet qui mal heureusement est déjà monté quoi que très vilain en a quinze et qu'il serait fort mal de touttes façons que l'encien, en cas qu'on voulût le vendre, eût la préférence sur le nouveau. Mme de Fleurieux ne se soucie point du tout que ce quinzième carat soit un peu plus petit et plus terne que les autres, il faut avoir son compte et je vous prie avec l'instance la plus pressante de recommender cette Monture à Lempereur.
Nous avons reçu une lettre de Mr de Colini qui est enchanté de toutes vos politesses. Il est bien heureux, il vous voit et il vera Gengis. Mon Oncle vous aime, mais il est d'une indifférence si grande pour sa pièce qu'il m'en désespère. Prenez soin de ses enfans. Lors qu'il les vera réussir dans le monde ses entrailles se rouvriront et il les aimera. Adieu Mon cher Coeur vous êtes bien aimée ici, conservez votre santé, embrassez pour nous votre fils, et ne doutez point de notre attachement et de notre reconnoissence.
Si je ne me soucië guères de mes enfans, je me soucie baucoup de mes nièces et je les aime tendrement. Je voudrais qu'on affichât Gengis Kan ou l'orphelin de la Chine.
Il serait bon qu'on dit dans un bout de préface que cet ouvrage ayant couru depuis trente ans on a choisi la copie la moins fautive qu'on ait pu trouver.
Adieu vous aimez vos amis, et vous les entendez. Voylà un temps peu propice à donner des pièces nouvelles. Il fait bien chaud, on étouffera.