à Prangin 28 février 1755
Je me félicite, Monsieur, d'être enfin votre voisin, et je vous demande mille pardons, aussi bien qu'à Mr de Brenles, de n'être pas venu chez vous deux, vous remercier de m'avoir fait Lausannois: mais j'étais si malade, j'avais si peu de temps, et j'étais si occupé de tous les préparatifs de mon bonheur, que je n'ai pas eu un instant dont je pusse disposer.
J'attends avec impatience le moment où je pourai être votre diocésain. Si je ne peux vous entendre à l'église, je vous entendrai à table. Nous parlerons à mon retour de la proposition que vous avez eu la bonté de me faire sur Bottens. Oserais-je vous prier, Monsieur, de m'honorer de vos bontés auprès de made de Pressonat, de lui présenter mes respects, et de lui dire combien je m'intéresse à tout ce qui la touche? Je fis un effort en partant pour grimper au château de votre Baillif; de là il fallut aller à Prélas, éssayer de conclure un marché pour made de Bentinck: elle est digne d'être votre diocésaine, et je vous réponds qu'elle vous donnera la préférence sur le célèbre Saurin de la Haye.
Adieu, Monsieur, si je ne crois pas absolument en Calvin, je crois en vous, et je vous suis attaché pour toute ma vie.
C'est de tout mon coeur.