1755-02-27, de Voltaire [François Marie Arouet] à Jean Robert Tronchin.

Des vins de liqueur, et des bréloques sont assurément des négociations peu dignes de vous.
Pour les liqueurs nous les boirons à votre santé; et pour les breloques, comme elles vaudront toujours leur valeur intrinsèque, et qu'il y faut perdre la façon, je crois que le meilleur parti est que vous ayez la bonté de me les faire renvoyer par la première personne de vos amis qui ira à Genêve. Une affaire un peu plus importante serait de vouloir bien donner commission à votre Correspondant de Paris de passer chez Mr de La Leu, notaire, rue Ste Croix de la Bretonnerie, et de lui demander s'il poura fournir 24 mille Livres au mois de mars prochain: les quelles 24 mille Livres serviraient au payement des Délices. Vous m'avez établi votre concierge pendant ma vie, je têcherai de ne point dégrader votre maison, mais j'ai peur que le Rhône ne lui fasse tort, et qu'il ne soit un plus mauvais voisin que je ne suis un bon concierge. Mes affaires de Cadix vont toujours fort mal. J'ai l'honneur d'être, avec des sentiments inaltérables, Monsieur, votre très-humble et très-obéissant serviteur

Voltaire