1754-10-23, de Sophia Friderika Wilhelmina von Preussen, margravine of Bayreuth à Frederick II, king of Prussia.

… On me dit que Voltaire y était, que depuis six mois il ne quittait presque le lit et qu'il n'était point sorti de [chez] lui.
Le monde s'étant retiré, je fus fort surprise de voir arriver le personnage. Je vous avoue que je fus frappée, tant je le trouvais changé. Il s'appuyait sur deux domestiques qui l'avaient traîné les escaliers. Il pleura en me voyant et me conta sa gamme. Il dit qu'il vous adore, qu'il a eu tort, qu'il reconnaît ses fautes, qu'il est l'homme du monde le plus malheureux. Son état, ses discours et sa contenance m'ont fait pitié. Je lui ai fait quelques reproches sur sa conduite, mais je n'ai pas eu le courage de le pousser et de l'affliger plus qu'il n'était. Son esprit est toujours le même. Il travaille à son Histoire universelle; à force de chercher il a retrouvé plusieurs pièces qu'il avait perdues. Il vint le lendemain avec madame Denis un moment avant mon départ. C'est une grosse femme qui ressemble à madame Hacke. Elle s'est jetée aussi dans l'écriture, mais à ce qu'elle m'a dit elle ne veut rien faire imprimer….