Monsieur,
Quoique nous n'ayons pas l'avantage d'être Connu de vous, c'est avec Confiance que nous prenons la Liberté de vous écrire.
Nous avons toujours souhaitté d'Imprimer quelqu'ouvrage qui soit sorti de vos mains; & jamais nous n'avons peu goûter cette satisfaction; souvent nous avons été sur le point d'en mettre quelqu'un sous la presse, & toujours avertis trop tard, nous avons eu le malheur d'être prévenus: Enfin, nous tenons les Annales de l'Empire, nous avons sceu que cet ouvrage étoit complet, que vous l'aviés donné vous-même, & que vous aviez permis qu'il porta vôtre nom, nous en avons fait venir un Exemplaire; & l'avons sur le champ donné à l'Imprimeur. Nous suivons exactement, & de tout point l'Edition qui nous sert de modèle; elle porte le nom de Decker à Basle. Nous vous demandons vôtre approbation, & vos ordres au cas qu'il y ait quelques changemens à faire.
Si vôtre dessein est de mettre au jour quelque nouvelle production, nous vous offrons avec le plus grand empressement, nos Très humbles services.
Si vous aviez formé l'Utile projet, de donner vous-même au Public, une Collection de tous ceux de vos Ouvrages qui doivent passer à la postérité, nous osons vous asseurer que nous sommes en état de remplir vos vües. Nous employerions le plus beau papier, & le meilleur caractère: nous aurions surtout, l'exactitude la plus scrupuleuse pour tous les détails de la correction: nous travaillerions à tout cela avec zèle, & avec plaisir; en un mot, nous ne négligerions rien pour faire que vous vous aplaudissiez de la préférence que vous nous auriez donnée.
L'on a beaucoup dit ici, que vous vous proposiez de venir résider dans nôtre Ville; serions-nous assez heureux, pour que ce bruit ne fût pas tout à fait sans fondement? Que de gens seroient empressez à vous rendre ce séjour supportable! Vous y trouveriez des gens qui osent penser, & qui pensent: Le petit ouvrage que nous prenons la liberté de vous envoier, confirme ce que nous avons l'honneur de vous dire; c'est le fruit de la longue méditation d'un bon esprit. Prenés la peine de le lire avec attention, & faittes-nous la grâce de nous en dire vôtre avis; il sera reçeu comme une faveur, & regardé comme une authorité.
Nous faisons les vœux les plus ardents pour le retour de vôtre santé; & pour la prolongation d'une vie qui fait tant d'honneur à l'humanité.
Nous sommes avec la plus grande Distinction; & un sincère Dévoüement
Monsieur
Vos très humbles & très obéïssants serviteurs,
Les Frères Cramer
Genève le 15e Avril 1754
Monsieur le Proffesseur Vernet, vient de nous envoyer la lettre incluse; il a parû Content de ce que nous Imprimions les Annales de l'Empire.