à Paris ce 8 januier 1746
Ie suis très flattée monsieur de l'honneur de votre souuenir quelque soit l'occasion qui me l'ait procurée, et i'espère que v͞s voudrés bien m'acorder la continuation de votre amitié, cette année et toutes celles de ma vie.
Ie crois que les monades sont un des fondem͞s de la saine métaphisique, et que p͞r être bien traitées elles demandent beaucoup de méditation et de tems. Ie suis actuellem͞t bien loin de tout cela, et i'ay besoin d'une grande œconomie de tems p͞r ne point prendre sur les dissipations nécessaires du monde celui de mon trauail actuel. Cela ne sera pas imprimé d'un an. V͞s sentés bien que Basle en aura les prémices auec raison, et ie serai trop paiée de ma peine si mon trauail y est aprouué. Ie crois qu'il sera utile surtout aux françois, car le latin de m. Neuton en est vne des dificultés. C'est à mr votre père et à v͞s à lever les autres, et si i'essaie quelque chose sur cela ce sera en profitant de ses lumières et de ses ouurages. On ne parle pas bien de la santé de Maupertuis et i'en suis afligée. Soiés persuadé monsieur que persone ne sera jamais plus que moi votre très humble et très obéisante seruante
Breteüil du Chastellet