1754-03-10, de Voltaire [François Marie Arouet] à Georg Conrad Walther.

Je vous envoie, mon cher ami, L'avertissement que vous m'avez demandé pour les gazettes.
C'est une chose déplorable que le brigandage qui règne dans la librairie. Apeine débitiez-vous le siècle de Louis XIV que Jean Néaulme le contrefit. Il avertit déjà dans les gazettes qu'il contrefait les Annales de l'Empire. Cette manière de voler parait légitime aux libraires de Hollande. J'ai voulu faire du bien à Decker et à Schœpflin; j'ai voulu vous faire plaisir: mais comment empêcher le mal qu'on vous fait? Je voudrais bien un jour vous voir entreprendre avec les secours que je vous fournirais de tout mon cœur, une belle édition in 4to de tous mes ouvrages que ces pirates-là ne pouraient contrefaire. Si je peux vous être bon à quelque chose, vous pouvez compter sur moi comme sur vôtre véritable ami.

Je vous embrasse de tout mon cœur.

V.