ce 21 février [1754]
J'apprends, Monsieur, que le sr Schoepflin, imprimeur de Colmar, a envoyé à Lion plusieurs exemplaire[s] du premier tome des annales de l'empire de m. de Voltaire.
Cet ouvrage n'a pas esté censuré et peut être très censurable, cependant s'il n'y en a qu'un petit nombre d'exemplaires je crois que vous pouvés fermer les yeux attendu que quand vous n'en toléreriés pas le débit, il en entreroit toujours dans Lion par toutes sortes de voyes, et il vaut mieux que le gain soit fait par des gens avoués du magistrat, que par des fraudeurs.
Mais j'apprends en même tems que vos libraires se disposent à en donner une autre édition. Voilà ce que vous ne devés pas souffrir jusqu'à ce qu'on sache quel effet aura fait la première dans le public. J'ay arresté les libraires de Paris qui vouloient aussi nous en donner une, et je crois que vous devrés faire de même pour les libraires de Lion.
Je suis avec un attachement inviolable Monsieur.