1753-12-30, de Voltaire [François Marie Arouet] à Marie Louise Denis.

Je vous écris encor ma chère enfant et je vous supplie de faire mettre à la poste cette lettre pour Cadix dont je ne reçois point de nouvelles.

J'envoye sous l'enveloppe de monsieur de Malzerbes, la 1ère feuille des annales et les lettres à Jean Neaume, au présidt Henaut, à l'évêque de Bayeux, au card. de Soubise, à Montcriffe, tous mes chers confrères de l'académie. J'en envoye à l'académie française, à celle des belles lettres. J'écris à Me de Pompadour, à mr de Richelieu.

Si j'étais dans un pays libre, je ne prendrais pas tant de peine. On prétend que nous avons perdu notre santé l'un et l'autre pour avoir soupé ensemble à la corne de bouc à Francfort, et que Dorn, le commis de Freitag, se mêla de notre soupé. Tâchez ma chère enfant de rétablir votre sang. Vivez heureuse. Pour moy je ne prétends pas à cet honneur. Mais je voudrais vous venir voir avant de mourir, dussiez vous me prendre pour l'homme le plus sain du royaume, qualité dont vous m'honorez et que je suis bien loin de mériter. Soyez seulement la femme la plus saine comme vous êtes la plus aimable.

Donnez de ma part je vous prie un exemplaire à l'abbé du Renel.