Vous veréz Monsieur par l'extrait ci joint, combien le Comte de Gotter a à cœur, ce que je lui avois recomendé; je ne sais si Vous aprouveréz son avis, et si Vous voudréz suivre son Conseil: en tout cas j'ai crus devoir à l'amitié que je Vous porte et à l'intérêt que je prend à tout ce qui Vous regarde, Vous avertir de tout ce ci; et come j'aurois pus m'expliquer mal si je ne Vous avois dis que le contenu de cette lettre, j'ai mieux aimée Monsieur Vous en tirer un extrait: pour Vous mettre à même de juger par Vous même et d'être en état de prendre tel parti que Votre sagesse vous sucgérera.
Je profite en même tems avec empressement de cette occasion pour Vous renouveller les sentimens de mon estime, et pour Vous faire resouvenir, du moins pour un moment, d'une persone qui Vous est infiniment attachée. Le Duc, mes enfans, et la grande Maitresse des coeur Vous aiment, Vous considèrent et vous redent à proportion de leurs lumières, toute la justice qui Vous est due; je fais plus, je Vous admire et suis d'inclination
Votre très affectionnée amie et servante
LDdG
ce 12 novembre 1753
P. S. Si ma discrétion me l'eût permit je Vous aurai fait copier la lettre que Gotter avait écrite au R. en lui envoyant Votre lettre; mais je n'ai pas eu le coeur de le faire sans son aveu: cette lettre écrite dans ce jargon qui lui est propre Vous aurai fais rire j'en suis sûre: entre autre il y dit, que Vous ête prédestiné de toute éternité et par l'enchainure des choses à percauniser le R. come Homere, Achile et Aristote Alexandre: puis il dit encor que le R. ne doit point s'attendre quand même il vous pardoneroit, de Vous fixer pour toujour auprès de lui; mais qu'il doit Vous doner quinze jours ou trois semaines de l'amée et Vous abandoner le reste du tems, pour le passer où bon Vous semblera.