ce 23 [September 1753]

Grand merci, pour Sanssouci et pour moi, des marques de souvenir que vous nous donnez.
J'espère de vous rendre votre bien, quand vous serez de retour, en vous faisant manger des oranges de ces arbres que je viens de recevoir. Je vous crois à présent fort heureux auprès d'une sœur que vous aimez, loin des tracasseries et des Akakias. C'est un miracle que votre guérison, vu tous les chagrins que vous avez essuyés pendant votre maladie; ce qui y fait un peu de tort, c'est que vous ne la devez point aux médecins. Votre femme et votre belle-sœur se portent fort bien. Nous vivons à présent ici le plus tranquillement du monde. Qu'un fol peut faire de tapage dans une société! Je regrette l'esprit du mien; mais son caractère me console de sa perte. Il est à présent près de Kehl, où il a loué une maison de campagne. On dit qu'il fait l'histoire de l'Allemagne; dieu nous garde du dix-huitième siècle! Adieu, mon cher Maupertuis, je vous souhaite santé, contentement et un heureux retour.

Federic