10 [August 1753]
Je compte, mon cher milord, que voilà la dernière fois qu'il sera question du fol de poète et de sa Médée.
Je lui pardonne et méchancetés et friponneries et satires et calomnies; absolution plénière pour tous les péchés passés comme à l'année sainte! Je voudrais qu'il n'eût jamais décoché ses brocards que contre moi, je ne l'aurais pas chassé; mais la façon infâme dont il en a usé envers Maupertuis, est inexcusable. Enfin, c'est une affaire que je regarde comme finie.
Nous jouissons ici d'une profonde paix, malgré tous les camps qu'on fait à droite et à gauche de nos frontières; nous camperons à notre tour, mais le 12 septembre nous rentrerons dans nos quartiers d'hiver. Il vient ici beaucoup d'étrangers dont franchement je me passerais volontiers. Je serai bien aise de voir des Français qu'on dit qui nous viennent; le malheur est que toute l'Europe est le confident de leurs secrets. Adieu, mon cher milord, portez vous bien, ne campez pas, gardez vous d'affaires avec des poètes et de querelles avec les p….., c'est le seul moyen de vivre heureux en ce monde.
Federic