1753-04-14, de Jean Martin de Prades à Pierre Louis Moreau de Maupertuis.

Le roi m'a ordonné, monsieur, de vous envoyer la copie d'une lettre qu'il écrivit à m. de Voltaire lors de l'affaire de la Diatribe.
Sa majesté laisse à votre prudence le choix des instants où il sera à propos de la montrer. Elle a été informée que m. de Voltaire abusait des lettres remplies de bonté dont sa majesté l'a honoré quelquefois, et elle n'a pas été peu surprise qu'il voulût s'en servir pour justifier sa conduite. Vous savez, monsieur, que le roi, amateur comme il est des talents, n'a fait que sacrifier, pour ainsi dire, à ceux de m. Voltaire dans ces sortes de lettres, ayant toujours été obligé, quoiqu'à regret, mais forcé par les fréquents écarts de m. de Voltaire, de distinguer son cœur de son esprit. S'il fait parade des lettres écrites à son esprit, vous montrerez celle ci que le roi écrivait à son cœur. On pourra vous envoyer quelque autre dans ce goût là. Je suis charmé de trouver cette occasion pour vous réitérer que personne n'est avec plus d'estime et de considération, monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur.

l'abbé de Prades

Faites agréer, je vous prie, mes respects à madame de Maupertuis et à mademoiselle […]