Potsdam 25 aoust [1752]
Vous êtes adorable madame.
Si je m'en croyois je viendrais à Berlin sur le champ vous le dire. Puisse la nature vous conserver encor long temps une mère aussi respectable que la vôtre, et puisse t'elle avoir la consolation de voir finir les cruelles persécutions que vous essuiez touttes deux. Je suis bien sensible aux bontez et au souvenir de S. A. R. Mgr le prince de Prusse et je me flatte que si vous en trouvez l'occasion vous voudrez bien luy présenter ma respectueuse reconnaissance. Je n'ay pu faire ma cour qu'un moment à la nouvelle princesse. Mais je ne suis point surpris des suffrages unanimes qu'elle a enlevez dès qu'elle a paru.
Cette lettre au cardinal Querini dont vous me faittes l'honneur de me parler est de bien vieille datte. Il y a près d'un an que je luy écrivis ces fadaises pour me défaire de ses importunitez évangéliques. Je ne sçais plus ce qu'il y avait dans cette lettre. Darget en avait pris une copie qu'il a répandue dans Paris, et de là elle est revenüe à Berlin. Il n'y a que les bagatelles qui fassent du bruit. N'oubliez pas je vous en prie madame l'éloge de la Métrie qu'on vend en Hollande avec les remarques. Vous savez que je n'ay de ressource que dans vos bontez. J'ay reçu des marques flatteuses de bonté de la part du Roy de Dannemark. Je voudrais bien que vous reçussiez des preuves de sa justice.
A présent que je me porte un peu mieux si je peux rendre service au politique algébriste que vous protégez je suis tout prest. En vous remerciant mille fois madame, je présente mes respects à tout votre être, et mon âme dit les choses les plus tendres à la vôtre. Mais je suis encor trop faible pour les écrire.
Le roy part lundy.