1752-05-09, de Voltaire [François Marie Arouet] à Jean Henri Samuel Formey.

Vous aviez si bien orthographié, monsieur, ou j'avais si mal lu, que j'avais lu dans votre lettre m. de Mouhi au lieu de Mongri.
Ce sont deux personnes fort différentes. Le manet alta mente repostum me conviendrait mal. Je vous dirai ingénument le fait. On me montra avant-hier un passage de votre biblio-thèque impartiale, où vous dites que je suis un plagiaire, quoique vous m'ayez dit & écrit que vous n'avez jamais rien imprimé contre moi. Vous dites dans ce passage, que dans la Henriade j'ai pillé un certain poème de Clovis, d'un nommé St. Didier. Ceux qui savent que ce poème de St. Didier existe, savent aussi qu'il fut fait plusieurs années après la Henriade. Vous voyez, monsieur, que vous auriez quelque réparation à me faire aussi bien qu'au public & à la vérité, & que j'aurais quelque droit de me plaindre d'un outrage que j'ai si peu mérité, & que ma conduite envers vous ne me faisait pas attendre. J'ignore en quel endroit est le passage où vous m'avez outragé; tout ce que je sais, c'est que je l'ai vu avant-hier au matin, & qu'il ne tiendra qu'à vous que je l'oublie pour jamais.

V.