1751-12-10, de Voltaire [François Marie Arouet] à Frederick II, king of Prussia.
Affublé d'un bonnet qui couvre de ses bords
Le peu que les destins m'ont donné de visage,
Sur un grabat étroit où gist mon maigre corps
Oublié des plaisirs et mis au rang des morts
Que fai-je à votre avis? j'enrage.
Il est vray, Salomon, que dans un bel ouvrage
Vous m'avez enseigné qu'il faut savoir vieillir,
Soufrir, mourir, s'anéantir.
Faute de mieux, Grand Roy, c'est un party fort sage.
Je fais assez guaiment ce triste apprentissage.
Du mal qui me poursuit je brave en paix les coups,
Je me sens assez de courage
Pour affronter la nuit du ténébreux rivage,
Mais non pas pour vivre sans vous.

V.