1751-03-15, de Voltaire [François Marie Arouet] à — Le Baillif.

Eh bien mon cher camarade puisque vous êtes si curieux, je m'apelle François Marie Arouet de Voltaire pour vous servir.

Mais n'oubliez pas dans votre certificat de fourer que j'ay l'honeur d'être votre camarade. Cela m'est très important. Je ne veux point séparer les titres qui m'attachent à mon roy, et ceux qui m'attachent au roy de Prusse. Je n'en suis que meilleur français pour être dans ce pays cy, et les premiers liens sont toujours ceux de la patrie. En un mot je veux faire voir qu'on peut très bien servir et aimer deux maîtres, malgré le proverbe de l'évangile. J'insiste toujours sur les choses dont j'ay suplié mylord et myladi dans ma lettre, et je vous les recommande avec la plus vive instance. Je vous embrasse tendrement.

V.