1751-01-02, de Voltaire [François Marie Arouet] à Graf Heinrich von Podewils.

Monsieur,

J'ay été chez votre excellence pour luy renouveller mon tendre attachement au commencement de cette année.
En même temps je suis obligé de L'avertir qu'il seroit peutêtre à propos pour la gloire du roy votre maître, (et je suis assez heureux pour dire aussi, du mien) que L'on imposast Silence à Darnaud qui tient d'étranges propos à Dresde, et qui a conservé icy des correspondances. Je suis persuadé qu'en luy faisant dire un mot par votre ministre, ou plutôt par quelqu'un que ce ministre chargeroit de luy parler, on pouroit le forcer à être sage. J'ajoute que je vous supplie de faire ordonner au gazetier de Berlin de ne point parler des affaires particulières qu'on a pu me susciter, et dont je commence à me tirer assez bien, puisque la justice a ordonné un décret de prise de corps contre le juif Herschell qu'on avoit employé pour me nuire, et qu'il est actuellement arrêté.

J'ay l'honneur d'être avec respect,

monsieur,

de votre excellence le très humble et très obéissant serviteur

Voltaire