1749-10-31, de Voltaire [François Marie Arouet] à Nicolas René Berryer de Ravenoville.

Je vous suplie instamment monsieur de vouloir bien ajouter aux services que vous rendez au public, les bontez qu'un particulier vous demande.

On m'a volé les manuscrits de la tragédie de Semiramis, de la petite comédie de Nanine, et ce qui est plus cruel, l'histoire de la guerre dernière que j'avois commencée et presque finie par ordre du roy. La tragédie de Sémiramis, la petite comédie de Nanine sont déjà imprimées et le sont de la manière la plus absurde. On les vend publiquement à Fontainebleau. Je vous prie monsieur d'avoir la bonté de donner vos ordres à la chambre sindicale et à ceux que vous jugerez à propos pour supprimer autant qu'il se poura le cours de cette infidélité.

Voulez vous bien permettre que je fasse afficher le papier cy joint?

Vos bontez dans cette occasion préviendront la ruine du libraire qui m'imprime avec privilège, et les chagrins cruels que cette insigne friponerie m'attire.

Vous rendrez à la fois un bon office aux lettres et à moy. J'ay l'honneur d'être avec la plus respectueuse reconnaissance,

Monsieur,

Votre très humble et très obéissant serviteur

Voltaire

cent écus à gagner

On a volé plusieurs manuscrits, contenant la tragédie de Semiramis, la comédie intitulée Nanine, etc., l'histoire de la dernière guerre depuis 1741 jusqu'en 1747. On les a imprimez remplis de fautes et d'interpolations. On les vend publiquement à Fontainebleau. Le premier qui donnera des indices sûrs, de L'imprimeur et de l'éditeur Recevra la somme de 300lt de Mr de Voltaire, gentilhome ordinaire du roy, historiografe de France, rue Traversiere.