1749-11-04, de Nicolas René Berryer de Ravenoville à Voltaire [François Marie Arouet].

Je suis très fâché monsieur de l'infidélité qui vous a été faite par raport à vos manuscripts.
J'ay donné comme vous le souhaitez des ordres très précis pour qu'on tasche de découvrir l'imprimeur qui les a imprimés furtivement et les colporteurs qui les vendent, et quand je sauray quelque chose sur cela je vous en informeray promptement et je séviray contre eux de même; si de votre côté vous apprenez quelque chose, faittes m'en part pour que j'agisse en conséquence. A l'égard du papier joint à votre lettre je pense que je ne puis y mettre ma permission d'imprimer et afficher, le[s] cas de cette espèce ne demandant point de publicité en cette forme. Outre que cela feroit tenir des propos à touts les désœuvrés, qui vous assurera que ceux qui rapporteroient les manuscrits sous l'espoir de la récompense n'en auroient pas tiré un double? Ces gens là ayant fait une première friponnerie n'hésiteroient pas d'en faire une seconde. Je me flatte que ma réflexion vous paraîtra toute naturelle et que vous n'en serez pas moins convaincu de ma bonne volonté qui égale les sentiments pleins d'attachement avec lesquels je suis, monsieur, votre etc.