1749-10-14, de Voltaire [François Marie Arouet] à François Thomas Marie de Baculard d'Arnaud.

Mon cher enfant une femme qui a traduit et éclairci Neuton, et qui avoit fait une traduction de Virgile, sans laisser soupçonner dans la conversation qu'elle avoit fait ces prodiges, une femme qui n'a jamais dit du mal de personne et qui n'a jamais proféré un mensonge, une amie attentive et courageuse dans l'amitié, en un mot un très grand homme que les femmes ordinaires ne connaissoient que par ses diamants et le cavagnole, voylà ce que vous ne m'empêcherez pas de pleurer toute ma vie.
Je suis fort loin d'aller en Prusse, je peux à peine sortir de chez moy. Je suis très touché de votre sensibilité. Vous avez un cœur comme il me le faut. Aussi vous pouvez compter que je vous aime bien véritablement. Je vous prie de faire mes compliments à Mr de Morand. Adieu mon cher Darnaud, je vous embrasse.

V.