1749-06-28, de Voltaire [François Marie Arouet] à Charles Augustin Feriol, comte d'Argental.

Premièrement comment va la santé de madame d'Argental?
êtes vous à Auteuil? monsieur de Choiseul digère t'il? monsieur de Pondeveile est il toujours gras à lard? mr l'abbé de Chauvelin prend il son lait les soirs chez vous?

Ensuitte vous saurez cher et respectable amy que nous sommes à Cirey, et qu'il est fort triste de quitter des apartements délicieux, ses livres, sa liberté pour aller jouer à la comète. Si je pouvois rester trois mois où je suis vous auriez de moy au bout de ce temps là d'étranges nouvelles. Je vous prie d'ajouter à touttes vos bontez celle de me renvoyer une certaine Nanine quand on ne la jouera plus. Le sr Minet, homme fort dangereux en fait de manuscripts, et à qui je ne donnerois jamais ny pièces de vin, ny pièces de téâtre à garder, doit remettre cette pauvre Nanine entre les mains de mademoiselle Gossin après la représentation. Mademoiselle Gossin doit la serrer, et vous la rendre à son enterrement. Cela fait, je vous suplie de L'envoyer cachetée à mon adresse, à la cour de Lorraine; il n'y aura qu'à la faire porter chez mr de la Reiniere qui a la bonté de me contresigner les plus énormes paquets. Adieu chers anges. Le parfait bonheur seroit d'être à la fois à Cirey et à Paris. made du Chastelet vous fait mille compliments.

V.