à Versailles 24 avril 1749
Vous êtes exact monsieur comme un digne mathématicien.
Moy qui ay renoncé aux démonstrations, j'ay oublié de vous dire que mes lettres sont écrittes quand je le peux, et partent quand elles le peuvent; je les envoye à Paris à Mr de la Reiniere pour éviter le port, mais si j'ay oublié ces détails, je me souviendray toujours de vous et de l'obligation que je vous ay de vouloir bien me faire parvenir ces mémoires de l'abbé de Montgon. Je doute fort qu'on soit aussi satisfait de luy à notre cour, qu'il paroit l'être de son libraire. Mais cela même redouble ma curiosité. Je vous supplie donc monsieur de me faire parvenir les 4 volumes de Lausanne et ensuitte le 5ème dès qu'il sera imprimé; le tout à l'adresse de monsieur de la Reiniere, fermier général des postes à Madrid. Me du Chastellet qui est icy vous fait mille compliments. Je crois que vous serez bien content de l'exposition qu'elle a faitte des découvertes de sir Isaac. Quelle pitié que ces monades en comparaison! quelles sottises! Vous devriez dire nettement combien tout cela est misérable. Qui est en droit de le dire si ce n'est vous? Bon jour mon grand philosophe, comptez moy parmy ceux qui vous respectent le plus.
Votre très humble et très obéisst serviteur
Voltaire