[Aux Délices 28 9 1756]
J'a[i] vu dans votre journal de novembre monsieur des vers qu'on m'attribue. Ils commencent ainsi
Sans examiner si ces vers sont bons ou mauvais je peux vous jurer monsieur que non seulement je n'en suis point l'auteur, mais que je regarderais comme une démence bien condamnable de m'occuper à mon âge des plaisanteries qui ont pu m'amuser il y a trente ans. Ceux qui achèvent ainsi sous mon nom des ouvrages si peu décents, sont assurément plus coupables que je ne le serais d'en faire mon occupation. Je ne me reconais dans aucune des éditions qui ont paru du petit poème dont vous me parlez. J'ay encor vu dans vos précédents journaux une prétendüe lettre de moy à Monsieur le maréchal de Richelieu où il est dit qu'on a perdu le Pinde. Je n'ay jamais écrit cette lettre. Plus j'estime votre journal, qui ne me parait fait que pour la vérité, et plus je croi de mon devoir de vous la faire connaître.
Je reçois dans ce moment une lettre de monsieur de Caussade dattée de Liege. Il me parle d'un projet d'abréger et de rectifier les mémoires de made de Maintenon. Tout ce que je peux répondre c'est qu'il n'y a dans ces mémoires que des choses triviales entièrement défigurées, ou des anecdotes entièrement fausses. On peut s'en convaincre par les dattes seules des événements. Ces sortes d'ouvrages excitent d'abord la curiosité et tombent ensuitte dans un éternel oubli.
Je fais mes compliments à mr de Caussade et j'ay l'honneur d'être véritablement
Monsieur
votre très humble et très obéisst servitr.