1757-01-07, de Voltaire [François Marie Arouet] à Pierre Rousseau.

J'ay reçu Monsieur la lettre non dattée que vous avez bien voulu m'écrire.
Je présume que vous êtes à Liege, puisque c'est à Liege que s'imprime le journal enciclopédique au quel vous m'apprenez que vous travaillez. M. Durant qui m'a fait aussi l'honneur de m'écrire quelquefois et qui est, je pense, votre associé, a toujours datté de cette ville. Je me croirais très heureux monsieur de vous pouvoir être de quelque utilité à l'un et à l'autre. Il m'a paru qu'il y avait dans ce journal baucoup d'articles bien faits et intéressants. J'ay lieu de croire qu'ils sont de vous deux. C'est le seul journal qui me parvienne: je suis très peu au fait de la littérature moderne dans mes deux retraittes de Lausane et du voisinage de Geneve. Mais s'il se trouve quelque occasion de vous marquer monsieur combien je suis sensible à votre politesse, je la saisirai avec empressement. Les maladies dont je suis accablé ne me permettent pas les longues lettres mais elles ne dérobent rien aux sentiments avec les quels j'ay l'honneur d'être

Monsieur

v. t. humb et obt servr

Voltaire