Si vous vous souvenez encor Monsieur d'un nommé Voltaire, je vous prie de me faire un plaisir.
Je voudrois avoir un exemplaire des mémoires de l'abbé de Montgon qu'on dit imprimez à Bâle. Ces rabâchages là ne touchent guères un homme comme vous, qui n'aime que les démonstrations. Mais j'ay plus besoin d'amusements que d'xx; il faut des contes aux malades. Je vous suplie au nom de touttes les véritez découvertes par mr votre père ou par vous de me recommander au libraire de Bâle qui débite cette édition. Il n'a qu'à m'envoyer les volumes à L'adresse de M. de Voltaire gentilhome ordinaire de la chambre du roy, rue Traversine à Paris, avec une double enveloppe à M. de la Reiniere fermier général des postes de France à Paris. Cela me sera exactement rendu par la poste; et le libraire aura soin de me marquer à qui il veut que je remette l'argent à Paris.
S'il n'y a pas de poste de Bâle à Strasbourg, ou si dans les postes il se trouvoit quelque difficulté, il faudroit envoyer par les voitures le paquet à Strasbourg pour être mis à la poste en cette ville. Je vous demande pardon de tant d'importunitez et de détails; Me du Chastellet-Neuton, vous fait mille compliments elle est occupée à traduire et à commenter sr Isaac en français, c'est une belle amande honorable qu'elle fait pour avoir commenté des monades, des harmonies préétablies, et la découverte récente d'une vérité aussi ancienne que le monde, que rien ne se fait sans cause.
J'ay l'honneur d'être monsieur avec tous les sentiments qui vous sont dus et avec la plus grande envie de vous revoir,
Votre très humble et très obéissant serviteur,
Voltaire