[?April 1749]
Il me reste encore quelqu'impression de toutes les réflexions que i'ay fait depuis la dernière poste, ie me suis cru sacrifiée et oubliée, votre lettre a dissipé toutes mes craintes et transporté mon coeur.
N'allés pas abuser du pouuoir que v͞s aués sur moi, v͞s pourriés me tromper, il est vray, mais ie v͞s en crois incapable, ie ne crains rien de v͞s que la faiblesse de vos sentimens, mais songés que c'est le plus grand de tous les crimes, v͞s m'aués fait voir coment v͞s escriués quand v͞s aimés, escriués moi toujours de même et ie serai trop heureuse, ie crois que ie v͞s escrirois tout le jour et toute la nuit si ie ne craignois de v͞s excéder, toutes les autres ocupations sont bien fades en comparaison. Il faut pourtant finir, adieu, ie v͞s aime passionnément et ie v͞s aimerai toute ma vie si v͞s voulés. Vous aurez le dispensary par la première poste, ie m'étois flattée de v͞s le donner. V͞s ne pouués v͞s imaginer tous les charmes que ie me figurois dans votre séjour ici, le p. sera bien heureux à mes dépens. Adieu, ie v͞s quitte enfin, mais votre idée ne me quitte point. I'ay parlé de v͞s à m͞e Bouflers dans ma dernière lettre, v͞s aués raison.