Cirey, 13 janvier 1749
Mon cher ami, je viens me justifier, quoi que je ne sois point coupable.
Vous avez bien raison de croire que, si je pensais que la présence de m. de Voltaire fût nécessaire à Paris, je quitterais tout pour l'y ramener; mais je pense, en vérité, qu'il faut un peu laisser le public jeûner de Sémiramis, et la désirer comme elle le mérite.
Je suis sûre de m. de Richelieu, et que la parodie ne sera point jouée. Voilà mes principales raisons pour ne point abandonner des affaires très essentielles et qui seraient bien ennuyeuses, si je ne les faisais pas à Cirey. Un maître de forge qui sort, un autre qui prend possession, des bois à visiter, des contestations à terminer, tout cela, en n'y perdant pas un moment, ne peut être fait avant la fin du mois.
Croyez, mon cher ami, que j'ai une impatience extrême de me retrouver avec vous et mme d'Argental, et de vous ramener votre ami, qui vous embrasse mille fois.