1748-09-21, de Voltaire [François Marie Arouet] à Georg Conrad Walther.

Apeine ai-je recouvré un peu ma santé que je me suis mis à retravailler pour vous mais je vous conjure de ne rien gâter par votre précipitation.

Vous me mandez que le public se moquera de vous si vous ne donnez pas votre édition à la st Michel. Comptez qu'il se moquera de vous et que vous perdrez vos frais, si votre édition n'est pas ample et correcte. Soyez sûr qu'il importe peu au public que vous donniez votre ouvrage à la st Michel ou à la Toussaint. Il ne s'agit pas icy de trois mois de plus ou de moins. Il s'agit de débiter un bon livre dont le débit ne peut être assuré que par l'extrême correction, et par les pièces neuves et intéressantes qu'il contiendra.

Je n'ay point encor reçu les envois dont vous me parlez dans votre dernière lettre. Je vous enverray d'ailleurs incessamment ce qui doit compléter votre huitième tome. Comptez qu'il y a bien des cartons à faire dans les volumes que j'ay déjà examinez. Ne vous pressez pas. Reposez vous sur moy du soin que je prends de vous procurer une édition utile. Vous pouvez d'ailleurs la faire annoncer partout, et je vous réponds du débit. Mais je ne réponds de rien si vous donnez trop vite une édition imparfaitte aulieu d'attendre encor quelques mois pour en donner une fort bonne.

Tout à vous.

Voltaire